Quotidien du peuple – Chine

Bassam TAYARA : Accompagner la Chine vers plus de liberté individuelle

Marseille est la plus importante ville arabe dans le monde malgré qu’elle soit française : la raison est qu’en France, on compte 5 à 6 millions d’immigrés d’origine arabe, ce qui les rend la première communauté française d’origine étrangère. C’est pour cela quand il y a des évènements dans les banlieues, toute la France tremble.

La force de la communauté d’origine arabe n’est pas présente seulement dans les banlieues, nous les correspondants de la presse étrangère, nous touchons du doigt la force de la presse arabe en France, il suffit pour cela d’assister une fois au point de presse du ministère des Affaires étrangères pour réaliser leur poids.

C’est pour cela j’ai voulu prendre l’avis du secrétaire général du club de la presse arabe (CPA), M. Bassam TAYARA, à propos des idées de boycott des JO de Beijing que tous les journaux en parlent, surtout que dans le domaine sportif, le poids des sportifs d’origine arabe, surtout dans le football, est immense, il suffit pour cela de parler du grand Zidane, qui a pris sa retraite, et actuellement le grand Benzema ou Belhadge l’espoir Nasri et beaucoup d’autres Ces joueurs, malgré leurs renommées , vivent avec les joueurs d’origine africaine sous la pression d’un racisme latent, à chaque rencontre sportive, la dernière fois fut en présence de M. le Président Sarkozy, une banderole raciste fut étalée sur 40 m dans le grand Stade de la France!!!!!!

Q : Vous qui suivez les informations en tant que journaliste, mais qui en même temps, avez une vision internationale car vous traitez l’information en France sous un angle plus ouvert vers l’extérieur, que pensez-vous des pétitions et des demandes qui circulent et qui demandent de boycotter les JO de Beijing ?

M. TAYARA : Le boycott est en principe un acte négatif, surtout dans une manifestation sportive, c’est comme si un joueur refusait de jouer!!!. Nous savons tous que les JO se déroulent une fois tous les 4 ans, et il faut penser aux sportifs qui se sont préparés à ce rendez-vous en faisant beaucoup d’efforts, presque inhumains.

N’oublions pas que les Grecs appelaient les champions olympiques les dieux de l’Olympe. Alors on n’a pas le droit de leur voler leurs efforts, surtout à ceux qui ne pourront plus se présenter à la prochaine rencontre olympique dans 4 ans.

Aussi, il faut penser à la Chine, elle-même, à l’époque où l’on parle de la globalisation, on ne peut pas exclure le Quart du monde qui s’est enthousiasmé et cette population nombreuse qui se prépare à recevoir les visiteurs de toutes les nations du monde en ouvrant la porte de la Chine au monde. On voulait que la Chine s’ouvre vers le monde cela va être fait! Alors je suis opposé à tout idée de boycott.

Q: Et malgré cela, s’il y a un boycott, qu’en pensez-vous ?

M. TAYARA : La vérité, je pense qu’il n’y aura pas de boycott. L’enjeu économique est trop grand pour qu’on joue avec le feu, le monde a déjà essayé 2 fois le boycott en 1980 et 1984 c’était durant la guerre froide, et cela n’a pas marché. Et maintenant, le monde a changé. Et je vous fait remarquer que ces deux fois la France n’a pas boycotté ces jeux.

Q : Ici on parle beaucoup des droits de l’homme, qu’en pensez-vous ?

M. TAYARA : Les droits de l’homme sont une affaire trop importante pour qu’on puisse la traiter d’une façon très superficielle. La Chine a beaucoup changé ces dernières années, et je pense qu’on doit regarder ce côté positif de l’évolution de la Chine que j’espère va continuer, surtout il ne faut pas faire obstacle et aider la Chine à continuer sur ce chemin.

Si on vient au problème politique, malgré les évènements tragiques au Tibet, ici en France toutes les autorités confirment que cette région fait partie intégrale de la Chine. Je ne dis pas qu’il faut massacrer les Tibétains, mais je pense qu’il faut accompagner la Chine vers plus de liberté individuelle au Tibet et dans les autres régions. Les conditions des Chinois se sont améliorées de façon éblouissante ces dernières années il faut accompagner ce mouvement.

Q : Comment la communauté arabe en France voit-elle cette histoire de boycott pour des raisons de droits de l’homme ?

M. TAYARA : Vous savez mieux que moi, dans la société de consommation où nous vivons, la majeure partie de la population pensent, suivant les idées servies par ce système de consommation, mais malgré cela, une grande partie de l’opinion publique française surtout dans la communauté arabe, pensent qu’on utilise les droits de l’homme de façon très subjective, et appelle cela un traitement « double poids, double mesures ». Pour la communauté arabe, tout spécialement ce qui s’est passé en Irak, et ce qui se passe chaque jour en Palestine, sont la manifestation la plus flagrante de cette manipulation des idées des droits de l’homme.

Q : Que pensez-vous de la manipulation des photos et des vidéos diffusées par certains médias occidentaux et qui est derrière ces initiatives? Et pourquoi les reportages sont subjectifs au sein de monde occidental ?

M. TAYARA : Je vois ce que vous voulez viser. C’est le problème des photos qui “tournent” sur le net et que des médias la publient sans s’en assurer de leur véracité. Nous les journalistes nous sommes confrontés chaque jour à ce que j’appelle “la tentation de facilité” quand un soi-disant “document” apparaît sur la toile d’Internet.

Il ne faut pas tomber dans le piège et avant d’utiliser ces documents il faut s’assurer de leur authenticité. Je fais confiance à mes collègues journalistes mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des ratages parfois.

Mais aussi je dis qu’il ne faut pas tomber dans le piège “du tout est complot” et penser que l’Occident fait un complot contre tel ou telle nation. L’Internet a ouvert des autoroutes d’informations il faut savoir quelle direction prendre.

Quant à la deuxième partie de votre question, le principe de la subjectivité des reportages est lié à la subjectivité des sujets traités. On ne peut demander à un journaliste de ne pas être sensible à certains sujets plus que d’autre, on peut lui demander de rester objectif lors du traitement d’un sujet tout en le colorant de sa sensibilité. Mais un journaliste qui “invente” une vérité n’est un journaliste.

Bassam Tayara, correspondant du quotidien libanais Al-Akhbar

(Propos recueillis par LI Yan, journaliste du Quotidien du Peuple)

http://french.people.com.cn/Horizon/6388537.html

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